Accident de voiture

4 décembre 2012 at 17:04 5 commentaires

Accident de voiture

Le choc est impressionnant … pour le tuktuk qui vient de nous foncer dessus. Nous sommes trois dans la voiture, nous n’avons rien vu venir. C’est mon premier accident de voiture depuis mon expatriation. Le tuktuk est immobilisé. Nous voulons nous garer. Une vingtaine de personne frappe sur le véhicule. L’attroupement commence, le ton monte. Il faut que nous descendions du véhicule pour comprendre ce qu’il s’est passé.

Nous sortons du vernissage d’un ami. En plus c’est son anniversaire, il faut fêter cela comme il se doit. Nous montons dans la voiture. Nous nous dirigeons vers le bar de l’un des plus grands hôtels de la capitale. Nous rions et chantons. Comme dirait ce célèbre groupe multi-ethnique : « J’ai un sentiment ». Nous nous engageons devant le Palais Royal dans une rue perpendiculaire à la notre.

Je crois voir un tuktuk. Et boum ! Et merde. On s’est pris un tuktuk. C’est bon, on peut annuler la soirée, plus d’anniversaire. Il pleut, notre voiture est immobilisée en plein milieu de la chaussée. Nous redémarrons pour nous garer un peu plus loin. Soudain, une dizaine de Khmers entoure la voiture et frappent dessus. Si à cet instant je ferme les yeux, le mouvement me fait penser à un clip de Snoop Dogg ou à un quartier de Gaza contrôlé par le Hezbollah, mais non, il n’en est rien, je suis bien à Phnom Penh sur le point de me faire lyncher. La conductrice baisse sa vitre afin d’expliquer que nous devons nous garer afin de laisser la voie libre à la circulation. Nous essayons d’avancer de nouveau, c’est maintenant une vingtaine de personnes qui tambourine sur le 4×4. « Mais c’est pas vrai ! On veut juste se garer ok ? On ne va pas s’enfuir. ». Personne n’a rien vu mais tout le monde à son mot à dire. Nous, on veut juste dégager la voie. Après cinq minutes, nous avons enfin réussi à nous garer. Quelqu’un tente d’ouvrir ma portière. Voilà maintenant plus d’un an que je m’entraine dans un club de boxe khmère, j’ai comme une envie d’essayer ce coup de coude que j’ai appris mais dans la bouche du jeune homme qui essaie de forcer ma portière. Je décide donc je l’ouvrir violemment afin que la lettre L du mot « Lexus » figure pour une semaine sur front. Pas loin, mais ça a quand même tapé. Il me regarde en se tenant le visage. Je lui dis : «  Alors mon frère, on joue les portiers ? ». Tous les passagers sont maintenant hors de la voiture. Nous nous approchons du chauffeur de tuktuk blessé. Il fait de grands gestes. En me voyant arriver, il s’immobilise totalement, comme un animal faisant le mort devant un prédateur. Une personne me tient le bras (je porte une veste blanche). Je me tourne et lui fais face. La tension monte : « T’as raison mon frère, j’ai vraiment besoin d’avoir quelqu’un que je ne connais pas qui me serre le bras en me respirant sur l’épaule ». Rien de mieux pour calmer les esprits que d’essayer de me maîtriser. D’un geste brusque je me dégage, fais quelques pas en avant et allume une cigarette. Je regarde le chauffeur. Lui aussi, mais avec des petits yeux (il est sensé être mort). Tout le monde crie. Un autre tuktuk arrive pour embarquer son confrère. Tout le monde sait qu’il n’est pas mort, mais vu comment la foule le secoue, il ne va pas tarder à avoir une fracture. Nous retournons dans la voiture, nous allons à l’hôpital suivre l’état de santé de notre nouvel ami.

Sans prévenir, un petit khmer monte dans la voiture avec nous. Nous le regardons : « Bonjour, on peut vous aider ? ». Il explique à mes amis cambodgiens qu’il est là pour s’assurer que nous allons bien à l’hôpital. Je le regarde et lui demande où on va. Il me répond : « A l’hôpital », « Oui mais lequel », il me répond en rigolant : « Héhéhé, je ne sais pas ». A cet instant, je regarde les étoiles par le toit ouvrant. Je les trouve très belles dans ces moments-là. Je prends une longue inspiration et me tourne de nouveau vers le passager sans nom : « Mais toi qui monte avec nous pour t’assurer qu’on va bien à l’hôpital, dans quel hôpital va-t-on ? ». Je viens de le perdre. Mes amis cambodgiens me disent que je fais du zèle. On part donc vers l’hôpital Calmette.

Nous y sommes. Ca pue la mort, celle qui n’éprouve aucune pitié. Le chauffeur blessé est déjà pris en charge par un docteur. L’un de mes amis l’a accompagné. Nous ne sommes plus que deux dans l’entrée de l’hôpital à attendre. Autour de nous, ça tousse, ça dort, ça crache au sol (mais attention, ça crache des carafes entières, les Chinois à côté, c’est des gentlemen). Tout le monde a le regard dans le vide. Notre ami ressort de l’hôpital avec le sourire : « Le docteur a demandé au tuktuk s’il portait un casque, le tuktuk a dit non, le docteur l’a engueulé, il l’a fait lever, bouger les bras et les jambes, il sort demain ».

Le souci dans ce genre de situation, c’est qu’on ne sait jamais si on doit la prendre au sérieux ou pas sachant que chaque accidenté fait le mort pour empocher le maximum d’argent. Aussi, si notre voiture a été aussi rapidement encerclé, c’est parce que le hit & run est une coutume très fréquente au Cambodge.

En y repensant, je me dis que plus de peur que de mal, et qu’un tuktuk, ce n’est pas du tout solide, surtout quand le chauffeur n’a pas de phare, qu’il a bu et qu’il ne porte pas de casque.

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Se faire livrer Ca fait bizarre

5 commentaires Add your own

  • 1. Guillaume  |  4 décembre 2012 à 19:38

    Que de péripéties… Heureusement tu t’en sors bien (et le chauffeur aussi), c’est bien le principal

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  • 2. magic69  |  21 avril 2013 à 21:10

    ça donne pas envie d’expatrier au Cambodge ton affaire, je lis ton blog plus de souci que de tranquillité, t’as essayé d’allumer un cierge bouddhiste sans doute ça te portera bonheur l’ami.

    Réponse
  • 3. speedyfoxgonzales  |  17 juin 2013 à 14:08

    Salut,

    Je vis au Cambodge depuis 6 mois et vis tres tracas au quotidien. Je te trouve un peu dur et caricatural parfois mais came fait bien rire !

    Je suis étonné que tu n’ai pas eu à payer les 300 fameux dollars de réparation… (oui au Cambodge, que tu ais tort ou raison, t’es blanc, tu payes !).

    Bref, c’est un peu raciste mais ca fait du bien ! :)

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  • 4. marc  |  16 février 2014 à 02:31

    il y a de nombreux mouvements terroristes au Moyen Orient, normal qu’on confonde. A Gaza c’est le Hamas, au Liban c’est le Hezbollah. Sinon merci pour ce récit édifiant. Je ferai attention en Juillet à PP.

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  • 5. Link  |  1 septembre 2014 à 23:47

    Hello, je suis allé plusieurs fois à PP, ma femme est d’origine Cambodgienne mais en France à l’âge de 4 ans …et juste pour équilibrer la balance de tes aventures, je peux énoncer une lourde liste sur de galère sur Paris et banlieue …de la soirée en boîte qui tourne mal, au braquage de voiture,de distributeur de cash…sans oublier des heures d’attente au urgence avec des tox. ( beaucoup moin agréable que quelques crachas) Et une facture non remboursé de 130€ pour 4 minutes d’intervention. Des taxis jamais disponible, des parking pour les riches … ect à oui la dernière cette été sur les quais, deux ballon de rosé 16€ sans sourire » et puis vous pouviez vous dépêcher car dans 30 minute nous fermons… » Enfin la liste serai beaucoup trop longue… Et c’est Paris…. Chaque endroit dans ce monde regorge de trésor ou de côté sombre. Trouve ce lieu ou ton regard sera ébloui …
    Le futile est onéreux et l’essentiel est offert…

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